ETUDE DU PORTAIL CENTRAL

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Nous découvrons de part et d’autre du Christ, les uns assis, les autres à demi levés, groupés par trois, les apôtres dont sept tiennent un livre. Ceux qui se tiennent à la gauche du Seigneur portent le livre fermé et ceux à sa droite portent le livre ouvert.

L’alchimiste sait que son Mercure préparé offre l’aspect et la forme d’une masse pierreuse, friable et feuilletée. Les lames cristallines qui en composent la substance se trouvent superposées comme les feuillets d’un livre. C’est la raison pour laquelle ce mercure a reçu l’épithète de livre aux feuillets.

Le livre fermé révèle la substance minérale brute. Le livre ouvert représente la matière préparée. Il n’est pas rare de voir le livre scellé de sept bandes et Saint Jean écrit dans sa vision de l’Apocalypse : « J’aperçus dans la main droite de celui qui trône, un livre écrit en dedans et au verso, cacheté de sept sceaux, je vis un ange vigoureux proclamer à haute voix : qui est digne d’ouvrir le livre et d’en faire sauter les sceaux? »

 

 

Saint Pierre, à la droite du Seigneur, détient les clefs capables d’ouvrir le livre qu’il tient à la main et que l’on voit apparaître sur la tranche, le différenciant ainsi des autres livres. En iconographie religieuse, on donne à Saint Pierre des clefs comme attribut particulier permettant de distinguer celui qui fut, parmi les apôtres du Christ, l’humble pêcheur Simon, celui qui devait devenir, après la mort du Sauveur, son représentant spirituel terrestre.

Après avoir manié le filet du pêcheur, Pierre détient les clefs capables d’ouvrir le livre. Or l’une des clefs, la première, la plus considérable et la plus secrète, figure toujours en caractères apparents sur la pierre angulaire de l’oeuvre.

Saint Pierre détient les clefs du paradis, bien qu’une seule suffise à assurer l’accès au céleste séjour. Mais ici, en ce livre de pierre, nous découvrons une indication complémentaire qui peut être de grande utilité pour le chercheur : Saint Pierre détient les clefs contre le livre et se trouve placé entre les quatre livres fermés et les trois livres ouverts. Il nous indique donc qu’il faut commencer à travailler notre matière, à l’évertuer jusqu’à ce qu’elle soit revêtue du signe et que le livre ne soit ouvert que lorsque la clef sera trouvée.

 

 

Mais comment travailler notre matière afin d’ouvrir le livre de la nature ? Le maître qui édifia ce chef d’oeuvre de pierre nous répond et nous invite à découvrir ce qu’il enseigne sous le voile du symbole. Des mains du Christ étendues horizontalement partent des rayons qui illuminent les apôtres, mais aussi les livres qu’ils détiennent. Ceux-ci seront donc ouverts à l’aide de la clef, mais à la condition que le fluide divin ait imprégné notre semence métallique qui est cet or jeune et vert.

 

« Sans la concordance absolue des éléments supérieurs avec les inférieurs, notre matière, dépourvue des vertus astrales, ne peut être d’aucune utilité » : tel est l’enseignement secret que nous dispense Fulcanelli en ses demeures philosophales. Puis il ajoute : « La connaissance du moment propice, des temps, lieu, saison,... nous est indispensable pour assurer le succès de cette production secrète ». Un zodiaque occupe la première demi circonférence des voussures et se compose de 29 médaillons plus deux moitiés de médaillons situées à chaque extrémité du demi-cercle. Peut-être découvrirez-vous, dans l’ordonnancement de ce zodiaque, l’époque et les heures favorables à la récolte de ce fluide cosmique.

Michel Maïer, en son « Atalante fugitive » conseille de commencer l’œuvre « lorsque le soleil est dans le Capricorne » et il ajoute « la première opération sera accomplie jusqu’au Bélier ». Enfin, il indique : « l’œuvre des femmes se commence jusqu’au Lion »... Cherchez, réfléchissez, mais ne méprisez point de tels conseils.

Le linteau se développe horizontalement en deux directions de part et d’autre de la ligne médiane du portail. Il représente les diverses fonctions de l’humanité terrestre par des personnages au nombre de quarante. Les scènes sculptées à gauche de l’axe montrent les métiers corporatifs ordonnateurs du rythme et de l’harmonie sociale. A droite sont figurés les accidents, maux ou infirmités physiques qui peuvent toucher l’humanité souffrante. Ces deux aspects correspondent aux deux aspects du monde, au ciel et à l’enfer, mais aussi aux deux états des livres qui leur correspondent dans l’ordonnancement de l’oeuvre de pierre. Et le nombre de quarante apporte aussi sa révélation de mystère. Quarante est la clé de tout le récit de la vie de Moïse, de même qu’il est un compartiment entre les différentes phases du magistère.

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