L'ALKAEST DES ALCHIMISTES
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L’intermédiaire dont nous avons besoin pour la purification de notre pierre fut appelé "dissolvant" par les philosophes du passé. Ce dissolvant universel, que l’on appelle aussi "Alkaest", est un produit qui demande quelques précautions pour être manipulé. Mais s’il est ainsi dénommé, ce n’est pas qu’il soit capable de dissoudre tous les corps, auquel cas aucun récipient ne pourrait le contenir. C’est qu’il demeure un élément essentiel du grand oeuvre alchimique et qu’il dispose du pouvoir de pénétrer les corps métalliques, d’en attirer leur soufre, selon l’expression consacrée.

Selon l’enseignement philosophique et la doctrine traditionnelle, le métal doit tout d’abord être dissout et on doit le faire à l’aide d’un solvant métallique qui lui soit approprié et très voisin par la nature. Ce mercure acquiert la dénomination de dissolvant universel lorsque la cristallisation le marque du sceau royal.

Tous les philosophes reconnaissent que le grand secret est bien celui du mercure et c’est en vain qu’on peut en chercher l’opération dans les ouvrages des plus célèbres auteurs. Aussi est-ce la raison pour laquelle, derrière Fulcanelli, insistons-nous sur ce pivot de l’art qui a causé la ruine de tant d’investigateurs.

Dans l’iconographie alchimique notre premier mercure a pour figure Eve, la mère de l’oeuvre, de même qu’elle fut la mère de tous les hommes. C’est elle qui dispense au métal qu’elle réincrude, la vitalité, la végétabilité et la possibilité de mutations ultérieures. C’est par son entremise que les métaux vulgaires, véritables et seuls agents de la pierre, se changent en métaux philosophiques et de morts qu’ils étaient, redeviennent vivants. Elle est leur bain qui les ranime et leur redonne vie.

C’est avec elle que vous pourrez partir à la conquête du graal, ce vase qui contînt jadis le sang du Christ et que recueillit le pieux Joseph d’Arimathie. Il fut, selon la légende, taillé dans une émeraude qui se détacha du front de Lucifer au moment de sa chute.

Dans l’ancienne légende germanique, Tituel élève un temple au Saint Graal, à Montsalvat et en confie la garde à douze chevaliers templiers. Les chevaliers de la table ronde, dans la quête du roi Arthur, partent à la conquête du vase sacré. Comme vos frères du passé, il vous faudra partir à sa conquête. Il vous faudra, ainsi que le veut la tradition, lutter contre le dragon, parcourir la mer, atteindre la fameuse île de Délos et si Dieu vous guide de son étoile, vous parviendrez alors à l’objet de vos convoitises secrètes. Sachez cependant de quel vase nous entendons parler. Si vous disposez alors du contenant, encore faudra t-il que vous découvriez le contenu. Il vous faudra oeuvrer longtemps encore avant de recueillir le sang qui donne vraiment la vie. Mais recherchez d’abord le vase adapté à sa nature pour le contenir, car celui-ci devra, de toute nécessité, faire l’objet de vos premiers efforts.

Canseliet fournit une excellente explication sur l’origine et la nature du vase. Il dit « Le substantif latin ver joue sur l’assonance du vert et verre qui apportent leur complément d’informations sur le plan de la réalisation physique et nous dirions même quant à la phase décisive du grand oeuvre. Ver désigne le printemps et Gulliver fut donc dans la pensée de Jonathan, le printemps du vaisseau ».

Et c’est bien en effet au printemps de l’oeuvre qu’il vous faudra découvrir ce vase si secret.

Cherchez le vaisseau nous dit encore le maître et la Sybille interrogée sur ce qu’était un philosophe répondit : « C’est celui qui sait faire le verre ». Efforcez-vous à le fabriquer selon notre tradition secrète et vous disposerez alors de l’émeraude que vous pourrez tailler selon le rythme de la géométrie sacrée.

 

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