Le démon et le dragon en Alchimie
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Au chapiteau 8 du narthex, nous découvrons la Dame et le dragon tels que décrits dans « l’exécution des décrets du petit livre ouvert » de l’Apocalypse de Saint Jean. De la gueule du dragon sort un fleuve destiné à noyer la femme. Nous avons ici de plus amples détails sur la manière d’ouvrir le petit livre. Il nous faut en effet noyer la femme, notre mère primordiale afin de la débarrasser de ses impuretés et de lui voir prendre, à chaque cycle, plus d’éclat et de beauté. Et pour plus de détails nous citerons ce passage de Saint Jean : « Une femme enveloppée dans le soleil, la lune sous ses pieds, la tête couronnée de douze étoiles était enceinte et criait dans les douleurs de l’enfantement. Puis un second signe apparut au ciel : un grand dragon roux à sept têtes et dix cornes et sur les sept têtes, sept diadèmes. Le dragon se mit à la poursuite de la femme qui reçut les deux ailes du grand aigle pour voler au désert, un temps, deux temps et un demi temps. Le serpent alors de cracher contre la femme un torrent d’eau pour la noyer ».

 

Au chapiteau 13 de la nef, nous découvrons une femme dont le serpent ronge le ventre et un démon aux cheveux de flamme qui se tue en s’enfonçant une épée à travers le corps. Entre eux une fougère montre sous ses enroulements des fruits d’apparence vénéneuse.

En alchimie, le démon et le dragon ont une même signification. Dans de nombreuses légendes anciennes d’Asie et d’Europe, c’est toujours un dragon qui est préposé à la garde des trésors. C’est pourquoi il faut de toute nécessité réduire au silence ce monstre agressif si l’on veut ensuite s’emparer des richesses qu’il protège. Et nous retrouvons sur ce thème des quantités de fables profanes et d’allégories sacrées. C’est Cadmos perçant le serpent contre un chêne, Saint Michel, Saint Georges et Saint Marcel qui terrassent le dragon, Hercule qui coupe les têtes de l’hydre, Jason qui tue le dragon de Colchide. Mais ici vous remarquerez que c’est le dragon lui-même qui s’enfonce l’épée au travers du corps, réalisant ainsi l’une des plus importantes opérations de l’oeuvre.

 

 

Au chapiteau 22, c’est un démon au corps bouffi et tordu, à la face immonde et aux cheveux flamboyants qui caresse une femme et tente de la séduire. Nous retrouvons aussi le serpent enroulé au pied du démon. A gauche, un troubadour joue de la flûte et porte un autre instrument de musique en bandoulière.

L’alchimie est très souvent désignée, non sans raison, l’art de musique et il est très fréquent de rencontrer sur les demeures d’alchimistes, parmi d’autres emblèmes hermétiques, des musiciens et instruments de musique. Entre le troubadour et le diable, s’élève une plante étrange qui s’épanouit entre deux grappes, de part et d’autre d’un tronc, d’où prend naissance la queue du serpent. Le pied de la plante ainsi que les grappes sont constitués de fruits étranges dont la forme rappelle le cercle et le point central, symbole du soleil, mais aussi de notre soufre qui doit, lors de la coction, s’unir au mercure symbolisé ici par la femme séduite par le démon.

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