Nous entreprenons maintenant l’étude du 19ème tableau. Il terminera notre travail sur les enseignements qu’a bien voulu nous transmettre le comte Bussy de Rabutin qui fut un grand et véritable initié. Quelques tableaux ne figureront pas dans notre étude car nous pensons que l’étudiant devrait faire l’effort de les découvrir par lui-même. La traduction des messages de Bussy, si parlant pour celui qui déjà a pris la peine d’oeuvrer et de reconnaître le chemin, lui permettra de progresser et d’acquérir les repères indispensables à la compréhension d’une science et d’un art si secrets.

Ce tableau porte la devise : « non pour soi, mais pour le seigneur ». Il représente un oiseau vigoureux, les ailes déployées qui se tient fermement sur le même oiseau mort, et semble le dévorer. Nous avons ici une image plus expressive et plus précise encore d’un ensemble d’opérations symbolisé par Basile Valentin sous l’image du coq et du renard : « à ce moment, le coq dévorera le renard, ensuite suffoquera dans l’eau, afin que le semblable soit restitué au semblable ».

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Cette image fut magistralement commentée par Fulcanelli dans le « mystère des cathédrales » : « le coq doit prendre l’état de fixité provisoire que caractérise le symbole du goupil, notre renard herméti-que... Cette eau sèche, quoique entièrement volatile peut, si l’on découvre le moyen de la retenir longtemps au feu, devenir assez fixe pour résister au degré de chaleur qui aurait suffi à l’évaporer en totalité. Elle change alors d’emblème et son endurance au feu, sa qualité pondéreuse lui font attribuer le renard comme enseigne de sa nouvelle nature. L’eau est devenue terre et le mercure soufre. Cette terre cependant, malgré la belle coloration qu’elle a prise au long contact du feu, ne servirait de rien sous sa forme sèche. Un vieil axiome nous apprend que toute teinture sèche est inutile en sa siccité. Il convient donc de redissoudre cette terre ou ce sel dans la même eau qui lui a donné naissance ou, ce qui revient au même, dans son propre sang, afin qu’elle devienne une seconde fois volatile et que le renard reprenne la complexion, les ailes et la queue du coq. Par une seconde opération, semblable à la précédente, le composé se coagulera de nouveau, il luttera encore contre la tyrannie du feu, mais cette fois dans la fusion même et non plus à cause de sa qualité sèche. Ainsi naîtra la première pierre, non absolument fixe, ni absolument volatile, toutefois assez permanente au feu, très pénétrante et très fusible, propriétés qu’il vous faudra augmenter à l’aide d’une troisième réitération de la même technique. Alors le coq, attribut de Saint Pierre, pierre véritable et fluente, sur laquelle repose l’édifice chrétien, aura chanté trois fois ».

Et Fulcanelli confirme, sans crainte de divulgation, ce que nous enseigne notre philosophe en son tableau : "le coq et le renard ne sont qu’un même hiéroglyphe recouvrant deux états physiques distincts d’une même matière".

La première matière, l’oiseau mort, est placée dans la zone sombre et ténébreuse du tableau. Par contre l’oiseau vivant déploie ses ailes avec, en arrière plan, un champ de blés murs.

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