Quand on entre dans la pièce des peintures alchimiques, le premier tableau sur la droite représente une clairière au centre de laquelle se trouve un amoncellement de matière blanche. Sortie de la nue, une main porte une cruche métallique et déverse son contenu liquide sur cette matière que l’on identifie à la chaux grâce au phylactère qui nous révèle : « elle est froide, mais elle m’enflamme ». La chaux vive a en effet la propriété de dégager une grande quantité de chaleur au contact de l’eau.

 

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Sans doute l’artiste avait-il eu l’occasion de lire les « douze clefs de la philosophie » de Basile Valentin, dans l’édition française qu’effectuèrent en 1624 Jérémie et Christophe Périer. Le philosophe alchimiste parle en effet abondamment de cette matière : « Par soi, le sel de tartre fixe fermement, en particulier si la chaleur de la chaux vive lui est incorporée. L’un et l’autre, en effet, possèdent un rare degré pour fixer... Avec des pierres et par le feu, l’artisan prépare aussi la chaux, afin qu’elle soit propre au travail, mais avant qu’elle soit préparée par le feu, elle est pierre et, en guise de chaux, ne peut être appliquée au travail. Par le feu, cette pierre est mûrie et, par le feu augmente considérablement son degré de chaleur, jusqu’à ce qu’elle soit puissante et que, par l’esprit igné de la chaux, à la condition qu’elle soit conduite à sa perfection, rien, à peine, ne puisse lui être comparé ».

Basile Valentin nous enseigne dans cette dernière citation, un processus opératoire très important dans la réalisation du grand oeuvre et il fournit même de précieuses informations, quant au résultat même de ce processus : « Si une chose quelconque est réduite en cendres et traitée selon l’art, d’elle-même elle livre son sel. Moyennant que dans la dissection de ce sel, tu puisses garder séparément le soufre et le mercure, et de nouveau restituer ceux-ci en leur sel, selon l’exigence de l’art, ce sel pourra alors devenir, par le bienfait du feu, ce qu’il avait été avant sa destruction et sa dissection ».

Mais si vous souhaitez parachever l’enseignement secret sur l’esprit de la chaux vive, je vous conseille vivement de lire aussi du même auteur « le dernier testament », et si vous trouvez trop difficile la lecture d’un tel ouvrage, allez directement aux dernières pages qui résument, sous le voile du symbole, toute la fabrication secrète de cet esprit de chaux.

Si votre persévérance vous a permis de découvrir ce que sont ces esprits de vin et de chaux vive, si vous avez réussi les opérations définies par Basile Valentin dans ce chapitre, puis réalisé la séparation ô combien difficile de ces deux esprits, suivant la méthode indiquée : « vous y mettez le feu et l’esprit de vin seul s’allumera, brûlera et se consumera. Mais l’esprit de la chaux vive restera dans le vaisseau de verre ». Vous serez alors en possession : « d’un arcane que peu d’autres surmontent en excellence, si tu t’en sais bien servir. Cet esprit de chaux vive a tant de vertus et de propriétés qu’il serait impossible de les décrire... »

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