Ce nouveau tableau représente un ciel nocturne tout constellé d’étoiles à cinq branches et sur lequel nous pouvons lire : « qu’importe le nombre, s’il en manque une ».

L’étoile est le grand signe de l’oeuvre et Basile Valentin nous l’affirme dans les douze clefs de la philosophie : « deux étoiles ont été accordées à l’homme par les Dieux pour le conduire à la grande sagesse ; observe les, ô homme ! Et suis avec constance leur clarté, puisque en elle se trouve la sagesse »

 

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Canseliet nous avertit que l’astre hermétique est tout d’abord admiré dans le miroir de l’art ou mercure, avant d’être découvert au ciel chimique où il éclaire de manière infiniment plus discrète.

Sans doute serait-il utile de découvrir ce que les philosophes entendent par leur ciel chimique, afin d’y rechercher ensuite l’étoile, brillant au coeur de la nuit. Ecoutons pour cela Jacobus Tollius :

« Il faut savoir que le ciel et la terre, quoique confondus dans le chaos cosmique originel ne sont pas différents en substance. La terre alchimique, chaotique, ne contient-elle pas son propre ciel philosophique, avant que la séparation ne soit accomplie dès le premier des grands jours de Salomon qui permet alors de connaître ce qu’est sa terre philosophale et son ciel des sages ».

Le travail de l’art consiste à évertuer ce ciel jusqu’à ce qu’il soit revêtu du signe indiqué. Et ce signe, les vieux auteurs l’ont appelé sceau d’Hermès, sel des sages, et encore étoile des mages et étoile polaire.

Nous pouvons attester la réalité de l’astre qui présente des caractéristiques particulières dont nous avons eu l’occasion de découvrir d’authentiques reproductions au travers de la pierre. Et rappelons que notre étoile servit de prototype à la construction des rosaces de nos cathédrales gothiques.

Rares sont les auteurs qui n’aient parlé de la réalité visuelle du sceau hermétique. Ainsi Trismosin, dans un récit allégorique concernant la préparation du mercure, nous dit « Sur le poinct du jour, on vid sortir par-dessus la personne du roy une estoille très resplendissante et la lumière du jour illumina les ténèbres ».

Philalète lui-même recommande à l’étudiant de ne point mépriser la signature astrale, révélatrice du mercure préparé. Nicolas Rollin, grand chancelier de Bourgogne, n’hésita pas à proclamer sans ambages la prééminence de l’étoile du grand art. Cela par un rébus concis, mais non sans importante révélation, répandu à profusion dans l’hôpital qu’il fit construire à Beaune.

Déjà, lors de notre étude sur Vézelay, nous avions évoqué l’importance du pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle. Or, la meilleure origine qu’on puisse donner au vocable Compostelle est sans nul doute « le seul maître de l’étoile ». Se rendre maître de l’étoile, c’est en effet connaître la matière, c’est posséder un guide sûr, afin d’orienter ses pas dans le sable poudreux d’un aride désert. Limojon de Saint Didier nous le dit : « nostre pratique est un chemin dans les sables, où l’on doit se conduire par l’estoille du nord, plutost que par les vestiges qu’on y voit imprimés ».

L’étoile, dans le grand oeuvre alchimique, joue un rôle d’une telle importance que la figure et la forme étoilées sont inséparables des opérations, lors de l’exécution, mais aussi après le refroidissement des matériaux recueillis à l’issue de chacune des phases du travail. Aussi notre artiste a t-il pu orner son tableau de la devise qui donne toute son importance à la seule étoile alchimique, le signe par excellence, celui qui entoure la tête du Christ en gloire au porche de la basilique de Vézelay, qui désigne et scelle le réducteur minéral. Et n’oubliez pas : « In hoc signo vinces ». Canseliet, en demandant que fut gravé sur sa tombe ce « cri » digne de figurer sur le plus beau blason dédié à la Sainte Science, ainsi que le signe qui l’accompagne, révéla toute l’importance qu’il accordait à la parfaite connaissance de l’étoile.

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