Ce tableau représente un magnifique arbre en fleurs, sain et vigoureux et la devise latine, dans sa traduction, nous informe « les douceurs sont cachées sous les étoffes grossières ». L’artiste prudent devra en effet, tout au long du travail, mettre en application cette devise et apprendre à ne point juger les choses en fonction de leur apparence. C’est bien souvent sous les plus viles étoffes que l’on découvre les êtres les plus nobles.

 

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Mais nous allons tout d’abord, avant de commenter plus en détail cet important conseil, vous rappeler ce que représente, dans notre petit monde, le symbole de l’arbre et en particulier celui le plus fréquemment employé dans l’iconographie alchimique, le chêne.

Le Trévisan nous décrit la fontaine mystérieuse dans la parabole finale de son livre sur la philosophie naturelle des métaux : « le ruisseau d’eau vive sourd en bouillonnant du vieux chêne creux et l’heureux artiste peut alors laisser éclater sa joie, car il a frappé le but. Il peut regarder ondoyer la source limpide dont la vertu dissolvante et l’essence volatile sont, en général, attestées par un oiseau perché dans l’arbre ».

Dans les descriptions qui accompagnent les figures symboliques d’Abraham le juif, le bon Nicolas Flamel n’omet pas de parler de cette fameuse fontaine mystérieuse qui sourd du vieux chêne creux : « est dépeint et représenté un jardin clos de hayes, où y a plusieurs quarreaux. Au milieu y a un vieil creux de chêne, au pied duquel, à costé, y a un rosier à feuilles d’or et de roses blanches et rouges, qui entourent ledit chesne jusqu’au haut, proche de ses branches. Et au pied dudit creux de chêne bouillonne une fontaine clere comme argent, qui se va perdant en terre... ».

Fulcanelli nous renseigne sur la nécessité de ce chêne creux car dit-il : « il marque le tonneau qui est fait du bois de chêne et dans lequel il faut corrompre l’eau réservée pour arroser les plantes et qui est bien meilleure que l’eau crue ». Et il ajoute : « sans ce vaisseau, vous ne pourrez faire cette putréfaction et purification de nos éléments, de même qu’on ne saurait faire le vin sans qu’il ait bouilli dans le tonneau. Or, comme le tonneau est fait de bois de chêne, de même le vaisseau doit être en bois de vieux chêne, tourné en rond en dedans, comme un demi-globe, dont les bords soient fort épais en quarré ».

Le chêne a très souvent été pris par les vieux auteurs pour désigner le nom vulgaire du sujet initial, tel qu’on le rencontre dans la mine. D’autres utilisèrent le figuier qui, selon les évangiles, eut l’honneur d’abriter la sainte famille lors de sa fuite en Egypte, de la nourrir de ses fruits et de la désaltérer, grâce à l’eau limpide et fraîche que Jésus enfant fit sourdre entre ses racines. D’autres encore symbolisèrent le dattier et le palmier, arbres de la même famille, connus sous le nom de phénix.

L’artiste nous révèle que le précieux liquide doit être découvert sous « de grossières étoffes ». Il fournit ainsi une importante indication qui rappelle ce joli conte de Perrault où la belle princesse se cache sous une peau d’âne. Sous la misérable dépouille dont elle se vêt, elle s’offre aussi en étrange personnification de la première matière qu’il faut savoir découvrir sous son étoffe vile et grossière.

Cette eau de la fontaine, révélée par cette belle princesse permettra, plus tard, de découvrir d’autres douceurs cachées sous des étoffes plus noires encore. Elle manifestera ainsi l’éclat et la beauté du soufre secret ou jeune roi, dans une couleur nouvelle, révélatrice de sa parfaite purification.

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